Les activités

La communication verbale

La formation PRATLANG

Travaillant spécifiquement depuis quatre ans avec des enfants autistes non verbaux, j’ai été conduite à prendre conscience à quel point les connaissances en linguistique à propos de la parole, de sa production et de son apprentissage n’étaient pas connues. Or cela est paradoxal, car l’autisme est notamment décrit comme une perturbation de la communication verbale. Comme l’appropriation de la parole relève d’une coordination musculaire en lien avec le développement physique de l’enfant, l’absence de notions dans ce domaine est pour moi une incompréhension totale.

Nous avons donc réalisé un petit livre dans la collection Yakapa afin de rendre accessibles au plus grand nombre ces informations.

Ce livre a été donné aux membres des deux groupes de la formation, à la fin de la formation.

Ce livre est gratuitement accessible

Pendant le séjour

Prendre conscience physiquement de nos pratiques langagières

Pendant le séjour, l’objectif était de faire prendre conscience physiquement aux personnes (famille et intervenants) de nos pratiques langagières et de comprendre à quel point ces pratiques nécessitent une coordination musculaire complexe. Le propos reposait à la fois sur des notions scientifiques et sur des exercices pratiques.
Six thèmes furent traités ; pour chaque thème, les personnes recevaient une fiche présentant les éléments de ce thème (les six fiches sont en annexe de ce rapport, Annexe 1). Les familles ont également reçu un classeur afin de pouvoir conserver ces documents facilement.

Les six thèmes sont les suivants :

  • Le corps et les gestes de parole (fiche 1)
  • Imitation, cerveau et cœur (fiche 2)
  • Les mots et les phrases (fiche 3)
  • Les interactions langagières (fiche 4)
  • Le corps langagier de l’enfant ou de l’adolescent avec TSA (fiche 5)
  • L’éducation inclusive (fiche 6)

Contenus des formations

Les contenus des formations étaient sensiblement les mêmes entre les deux groupes. Les échanges étaient spécifiques ; la parole fluide et les questions nombreuses. Le choix de deux groupes de petite taille s’est avéré tout à fait pertinent. Dans le groupe famille, il arrivait souvent qu’une maman reprenne pour expliquer une notion qu’une autre maman ne parvenait pas à se représenter. La dernière séance (fiches 5 et 6) donnait à entendre des extraits de texte du livre « le bonheur plus fort que l’oubli » de Colette Roumanoff concernant l’accompagnement que cet auteur a réalisé avec son mari devenu Alzheimer (voir Annexes).

L’idée de ce partage était de transmettre à quel point les difficultés en langue sont source de blessures : les situations « ne pas être en langue », « être maladroit en langue », « ne plus être en langue » (dans le cas de la maladie d’Alzheimer) génèrent des interactions langagières difficiles et il est pertinent de mieux comprendre comment cela fonctionne avant de juger le comportement d’autrui. Ces échanges ont été source de beaucoup d’émotions, de larmes et en même temps un partage d’une humanité commune, dans nos diversités.


Chaque journée de formation comprenait un échauffement du corps et la mise en route de l’apprentissage de deux chants, chantés a capella (voir Annexes). Le choix de ces deux chants repose sur la technique vocale et une rythmique rapidement mémorisable. Cette activité a été non seulement suivi, mais reprise lors des repas en commun. Cette activité chant pourrait être davantage développée, car elle apporte une cohésion de groupe. Une seule maman, chanteuse de profession, n’a pas chanté ; elle écoutait.


En général, la formation des membres du staff se faisait de 8 h 30 à 10 h et celle des familles de 10 h 30 à 12 h. La formation a été suivie intégralement par les deux groupes. Un seul jour, cette organisation a été modifiée en raison de la programmation d’une randonnée à la journée, en intégrant des variations météorologiques : la formation exceptionnellement à 8 h 30 pour les familles a généré deux absences.


Enfin, deux membres du staff, en lien avec leurs pratiques professionnelles, ont reçu une attestation de suivi de formation de la part de l’association Coloé.
Les échanges qui ont lieu montrent à quel point les notions abordées sont complexes et nécessitent de la part des participants, un pas de côté, car c’est une façon entièrement nouvelle de concevoir la langue. Le processus inscrit sur une semaine s’avère donc complètement confirmé : deux heures d’intervention, perdues dans un quotidien complexe, ne suffiront pas pour laisser entrevoir l’immensité du domaine des langues et des interactions langagières. Il ne s’agit pas de tout voir. Il s’agit de réaliser à quel point, un dictionnaire et une grammaire n’épuisent absolument pas les capacités que nous donne l’emploi d’une langue. Il s’agit de prendre conscience à quel point nos relations se tissent grâce à la parole échangée.
Ces formations ont été validées par l’ensemble des deux groupes.

Témoignage d’une maman


« Je ne m’attendais pas à cela et ce fut au-delà de mes espérances ; à la fois pragmatique et axé sur la dimension humaine. Prendre conscience de notre façon de parler fut une révélation ; être au cœur de notre apprentissage, s’observer, identifier notre façon de parler m’a tant apporté et fait prendre conscience de l’impact de nos paroles. j’aurais tant à dire. Merci pour cette prise de conscience (maître mot), merci de nous avoir inspirés ».